Après le "trou d'air", ce flottement perceptible dans la campagne de Ségolène Royal, tout le PS, militants et éléphants, parlementaires et porte-parole, semble vouloir prouver à la face du monde que "la belle du Poitou" a sacrément repris du poil de la bête.
Voici donc la recette pour galvaniser des troupes un peu désemparées.
Comment rattraper une mayonnaise :
- Reprenez votre appareil (les militants, les cadres et les ténors du parti). C'est la base.
- Lister tous les ingrédients pour être sûr de ne rien oublier (réserver des sièges au premier rang pour tous ceux qui vous ont soutenu jusque-là, mais aussi pour ceux récemment "convertis", faut rassembler quand même).
- Remettez-le à température (notre ennemi, c'est la droite ! Le peuple contre les "possédants", les travailleurs contre les puissances obscures de l'argent...)
- Une fois à température, délayer avec beaucoup de militants. Au besoin, ne pas hésiter à gonfler les chiffres. S'il n'y en a que 5 000, dites qu'ils sont 8 000, au moins.
- Fouettez énormément. Rajoutez de l'huile en promettant le programme, le seul, le vrai. Fruit des 135 000 contributions au débat participatif.
Normalement, avec une vraie mayonnaise, ça doit marcher. Dans la vie politique, c'est forcément plus aléatoire. Surtout en période de campagne présidentielle.
D'abord, il y a les sondages. Ce n'est pas tant les scores qu'ils délivrent qui sont alarmants pour l'équipe des "spin-doctors" de Ségolène, mais plutôt leur accumulation. Et mine de rien, ils la pressent de relancer dare-dare la mécanique. Et de délivrer son programme.
Ensuite, la présence massive des "éléphants" avait un petit quelque chose de forcé dans le genre photo de famille. "C'est long et inconfortable... Alors, tu la prends ta photo, on va pas y passer la nuit non plus !", avait un peu l'air de dire Dominique Strauss-Kahn, ex-concurrent à l’investiture socialiste.
Il y avait donc là, à la Halle Carpentier dans le XIIIe arrondissement de Paris, Jean-Marc Ayrault, Jack Lang, Elisabeth Guigou, Bernard Kouchner, Christiane Taubira, Bertrand Delanoë et même Jean-Pierre Chevènement, qui n'avait plus fricoté avec les socialistes depuis belle lurette. Belle brochette, mais insuffisante pour masquer l'absence de Lionel Jospin, pourtant personnellement invité.
Pas l'ombre non plus d'un Laurent Fabius, avec qui elle doit tenir meeting, chez lui, en Seine-maritime, le 24 février prochain. Hasard du calendrier ou stratégie délibérée d'évitement du corps enseignant, cette date coïncide avec le premier jour de leurs vacances (zone B) ? Non c'est, vraiment mesquin de ma part de poser la question. Mais quand même...
Et puis, il y a cet empressement à annoncer que la salle de Montreuil sera finalement trop petite pour accueillir le grand rendez-vous du 11 février. Ce sera Villepinte, beaucoup plus vaste. Comme si, à l'aube de dévoiler le plan de bataille (les grandes lignes du progamme socialiste), d'innombrables troupes affluent et se massent. Impressionnante marée humaine censée faire frissonner l'adversaire. Il doit y avoir un peu de ça.
Je lui souhaite sincèrement que dimanche, quand le temps sera venu de lever le voile sur ses intentions pour la France, l'armée des militants "convoqués" n'aura pas la douloureuse impression qu'on lui montre juste une jolie boîte Tupperware, avec un couvercle transparent... désespérément vide. Sinon, ça fera pas mal de mécontents.
HSP